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Du Ghana à l’Équateur : voyage au cœur des pays producteurs de cacao
Le marché du cacao est un paradoxe géographique et économique. D’un côté, la production du cacao, à partir des fèves extraites des cabosses du cacaoyer, se concentre quasi exclusivement dans les régions tropicales proches de l’équateur. De l’autre, la transformation industrielle de ces fèves en produits chocolatés, comme le chocolat, le beurre de cacao ou la poudre de cacao, se fait majoritairement dans des pays du Nord, en particulier en Europe et en Amérique du Nord.
Pourquoi ce déséquilibre ? Parce que le cacaoyer, arbre fragile et exigeant, ne pousse que dans certaines conditions climatiques très précises. Températures élevées, forte humidité, précipitations abondantes et absence de gel sont indispensables à sa culture. Ces conditions sont réunies dans une bande géographique située à une quinzaine de degrés au nord et au sud de l'équateur, d’où l'importance stratégique de cette latitude tropicale.
Cet article vous invite à découvrir la filière mondiale du cacao, des plantations africaines aux usines européennes, en passant par l’Amérique latine et l’Asie du Sud-Est. Un voyage agricole, économique et géopolitique au cœur de l’un des fruits les plus convoités au monde.
Quels sont les plus gros pays producteurs de cacao ?
La production mondiale de cacao est largement concentrée dans quelques pays tropicaux.
Voici les 5 principaux producteurs de cacao actuellement, avec leur part estimée de la production mondiale :
- Côte d’Ivoire : 36 % - Afrique de l’Ouest
- Ghana : 10 % - Afrique de l’Ouest
- Équateur : 9 % - Amérique du Sud
- Cameroun : 7 % - Afrique centrale
- Nigeria : 7 % - Afrique de l’Ouest
Les cinq pays concentrent à eux seuls près de 70 % de la production mondiale de cacao. Ce quasi-monopole pose des questions majeures, notamment en cas de crise climatique ou sociale dans ces zones, comme cela a été récemment observé en Afrique de l’Ouest, où des hausses soudaines du prix du cacao ont secoué le marché mondial.
L’Afrique et la production de cacao
L’Afrique est incontestablement le continent roi du cacao. Elle représente plus de 75 % de la production mondiale, avec une production annuelle qui dépasse les 3,6 millions de tonnes. Rien que la Côte d’Ivoire et le Ghana, voisins géographiques, totalisent près de la moitié de la production mondiale.
Les plantations africaines sont pour la plupart familiales et assurent les revenus agricoles de millions de petits producteurs.
Quels sont les pays producteurs de cacao en Amérique ?
Si l’Amérique latine ne représente qu’entre 15 et 20 % de la production mondiale, elle joue un rôle capital dans la qualité et la diversité des variétés de cacao cultivées. Le continent américain est en effet le berceau originel du cacaoyer.
Voici les principaux producteurs de cacao en Amérique :
Pays | Tonnes produites (approx.) | Particularités |
---|---|---|
Équateur | 400 000 tonnes | Cacao Nacional aux arômes fins |
Brésil | 250 000 tonnes | Deuxième producteur du continent |
Pérou | 135 000 tonnes | Variétés fines en croissance |
Colombie | 60 000 tonnes | Cacao premium |
République dominicaine | 85 000 tonnes | Bio et équitable |
Les pays producteurs de cacao en Asie
L’Asie n’est pas spontanément associée au cacao, et pourtant, plusieurs pays y jouent un rôle non négligeable.
- L'Indonésie est un acteur majeur avec environ 250 000 à 350 000 tonnes par an, se classant régulièrement dans le top 5 mondial.
- La Malaisie : un peu moins de 20 000 tonnes, mais avec un fort potentiel industriel.
- L’Inde, le Vietnam et les Philippines développent progressivement leurs plantations, avec une demande croissante sur leurs marchés intérieurs.
Même si l’Asie représente moins de 10 % de la production mondiale, c’est tout de même un acteur stratégique, notamment pour le marché industriel asiatique.
Pourquoi les plus gros pays producteurs de cacao se trouvent sur la même latitude ?
Le cacaoyer (Theobroma cacao), plante tropicale originaire d’Amérique du Sud, est extrêmement sensible à son environnement. Il pousse uniquement dans la ceinture cacaoyère, entre 15° nord et 15° sud de latitude.
Conditions idéales pour la culture du cacao :
- Températures constantes entre 21 et 32 °C
- Humidité élevée (> 70 %)
- Pluviométrie annuelle de 1 500 à 2 000 mm
- Ombre partielle assurée par des arbres plus grands
Est-ce que la France est un producteur de cacao ?
La France métropolitaine, située à plus de 40° au nord de la zone tropicale, ne peut pas produire de cacao en plein air. En revanche, certains territoires d’outre-mer, plus proches de l’équateur, offrent des conditions climatiques favorables à la culture du cacaoyer.
La Guyane française, située autour de 5° nord, est le territoire le mieux placé. On y trouve quelques plantations expérimentales, avec des fèves utilisées par des chocolatiers spécialisés. Dans les Antilles, la Guadeloupe et la Martinique (environ 16° nord) abritent une production très marginale, souvent artisanale, sans réel impact commercial.
Mayotte, proche de 13° sud, a vu naître quelques tests ponctuels, mais la filière reste embryonnaire. Quant à La Réunion, située à 21° sud, elle est hors de la bande équatoriale idéale, et son climat ne favorise pas le développement du cacao.
➜ En résumé, la France n’est pas un acteur significatif de la production mondiale de cacao, mais certains projets locaux valorisent des fèves d’origine française, rares et haut de gamme.
Quels sont les pays qui transforment les fèves de cacao ?
La transformation des fèves de cacao, qu’il s’agisse de broyage, de fabrication de beurre de cacao, de pâte ou de poudre, se fait aujourd’hui sur l’ensemble des continents. Ce sont ces étapes qui permettent ensuite de fabriquer le chocolat ou d’autres produits dérivés, à destination de l’industrie agroalimentaire ou des chocolatiers. Contrairement à la production agricole, très concentrée dans les pays du Sud, la transformation se répartit de manière plus large, même si certains pôles dominent.
L’Europe est aujourd’hui le premier transformateur de cacao au monde, avec une part estimée à 36 % du broyage mondial. Cette domination s’explique par la forte demande intérieure en produits chocolatés, mais aussi par une infrastructure industrielle très développée. Des pays comme les Pays-Bas (12 %) et l’Allemagne (9 %) jouent un rôle moteur, en accueillant de grandes usines de broyage et de raffinage. La France, bien que moins présente, participe également à cette transformation avec environ 3 % du broyage mondial.
En parallèle, certains pays producteurs, comme la Côte d’Ivoire, ont décidé de monter en gamme. Longtemps cantonnés à la simple exportation de fèves brutes, ces pays cherchent désormais à transformer une part croissante de leur production sur place, afin de capturer davantage de valeur ajoutée. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire est devenue, en quelques années, le premier pays transformateur au monde, avec 15 % du broyage total. Ce chiffre illustre une volonté politique de rééquilibrer la filière en faveur des producteurs.
On retrouve également dans le top mondial des transformateurs des pays asiatiques comme l’Indonésie (8 %) et la Malaisie (8 %), qui, à l’instar de certains pays africains, cherchent à combiner production agricole et transformation locale. Les États-Unis (6 %), le Ghana (4 %), la Turquie (3 %) ou encore l’Espagne (2 %) complètent ce classement.
Voici un récapitulatif clair de la répartition du broyage mondial par continent :
Continent | Part du broyage mondial |
---|---|
Europe | 36 % |
Asie & Océanie | 23 % |
Afrique | 22 % |
Amérique | 19 % |
Cette répartition mondiale du broyage met en lumière le rôle central joué par les pays transformateurs, en particulier en Europe, où la tradition chocolatière est solidement ancrée.
En France, de nombreux chocolatiers d’exception comme Vincent Guerlais, mais aussi bien d’autres artisans passionnés, sélectionnent avec soin les meilleures fèves de cacao issues des plus grands terroirs du monde, qu’ils proviennent du Ghana, de l’Équateur ou encore de Madagascar. Ces fèves, souvent d’origine unique, sont travaillées avec une exigence extrême afin de sublimer leurs notes aromatiques naturelles.
C’est cette capacité à transformer une matière première brute en chocolat de très haute qualité qui fait la renommée de la filière française, alliant savoir-faire artisanal, création gustative et respect de l’origine. Une dynamique qui renforce la place de la France parmi les grandes nations du chocolat, au service d’un produit toujours plus exigeant et raffiné.